
En tant que CISO, capter l’attention du conseil d’administration est un véritable défi. Il ne s’agit pas simplement de parler le langage du business, mais de rendre la cybersécurité pertinente pour l’entreprise. Et si vous maîtrisez l’art du storytelling, vous avez une arme puissante pour transformer des enjeux techniques en véritables opportunités stratégiques.
En tant que CISO, on nous rappelle sans cesse que nous devons « parler le langage du board » pour s’assurer que la cybersécurité ait sa place à la table des décideurs. On pourrait presque imaginer un CISO implorant : « Je veux être à la table des grands, je ne suis plus un enfant. » Mais voilà, pour parler comme un adulte, encore faut-il maîtriser le langage de l’entreprise.
On entend souvent qu’il faut « parler business » pour se faire comprendre du conseil d’administration. En réalité, il ne s’agit pas de simplifier à outrance mais de rendre les risques et les enjeux cybersécurité pertinents pour l’entreprise. Nous devons communiquer clairement, surtout quand notre travail n’est pas directement lié à la génération de revenus. Parler technique à une équipe business, c’est un peu comme parler français à des gens qui ne parlent que chinois. Pour que le message passe, il faut savoir se faire comprendre.
Une des plus grandes difficultés réside dans la perception du rôle du CISO. Souvent, nous sommes encore vus comme des « techniciens », alors que notre rôle est de plus en plus stratégique. Les conseils d’administration attendent de nous que nous comprenions et traduisions les risques technologiques, mais si nous échouons à gagner leur confiance ou à aligner les attentes en matière de risques et d’allocation de capital, notre impact est limité.
Les KPI (ou indicateurs de performances) sont essentiels pour mesurer et communiquer sur la cybersécurité, mais ils posent souvent des problèmes. Pour un même indicateur, les résultats peuvent varier selon les équipes, et cela peut créer des désalignements, notamment lorsque des bonus ou des récompenses sont en jeu. Il est tentant de prioriser certains KPI au détriment d’autres, mais cela ne doit pas se faire au prix de la cohérence et de l’efficacité globale.
Les « dashboards de risque » et autres outils de mesure sont devenus populaires, mais leur valeur dépend du contexte et du public. Quand j’ai commencé en cybersécurité, je me souviens d’avoir fait l’erreur que nous avons tous fait à nos débuts: avoir partagé des métriques comme le nombre d’emails bloqués ou le nombre de tentatives d’intrusion détectées. Ce genre de chiffres ne parle pas vraiment aux membres du conseil d’administration, sauf peut-être pour les inquiéter davantage.
La vraie question à se poser est : sommes-nous vraiment en contrôle ? Quand vous discutez de vulnérabilités avec le board, il ne suffit pas de parler de patchs ou de systèmes à jour. Il faut aussi aborder des sujets comme la continuité des activités, l’impact financier, la formation des employés ou encore les opportunités d’amélioration qui pourraient générer des revenus, même indirectement.
Et c’est là qu’entre en jeu le storytelling. Maîtriser l’art du storytelling peut être une arme puissante pour captiver votre audience et faire passer votre message. Plutôt que de noyer votre auditoire sous des termes techniques, racontez une histoire. Par exemple, illustrez comment une stratégie proactive en cybersécurité a permis à une entreprise de non seulement éviter une catastrophe, mais aussi de transformer cette vigilance en un avantage compétitif.
Le storytelling permet de rendre les enjeux de la cybersécurité tangibles et pertinents pour le board, en les reliant directement aux objectifs stratégiques de l’entreprise. En combinant cette approche avec des discussions sur la continuité des activités et l’impact financier, vous pouvez transformer la cybersécurité d’une simple fonction support à un levier de croissance et de résilience.
Si vous voulez vraiment capter l’attention du conseil d’administration, il faut traduire les enjeux de la cybersécurité en opportunités business. Parlez de résilience, de continuité des activités, et montrez comment une bonne gestion des risques peut renforcer la confiance des clients et ouvrir de nouvelles perspectives de croissance.